Bon et bien comme je vous le disais hier il m'a fallu attendre le renvoi de ma copie corrigée de mon cher correcteur attitré. Bon en fait je craignais pire que ça, il y avait pas trop de rouge. Du coup j'ai pu aller assez vite pour remodifier une énième ma foi ma vesrion word (qui atteint bientôt le Mo en terme d'occupation d'espace...), et à l'instant, ça y est, la belle version, toute propre toute jolie est arrivée!!!
Bon après vous avoir fait patienter ces quelques lignes, je sais plus quoi dire pour vous faire encore attendre, donc bon, allez-y, dévorez ce texte, qui je vous le rappelle est postée dans mon infinie bonté une semaine à l'avance. le roi se doit parfois de contenter le peuple comme on dit
:D
PS: je remets le début de chapitre, hgistoire de vous remettre dans le bain!
Chapitre 15 : D’Helgrind…
Un bruit sourd retentissant dans la cavité du tunnel. Un rythme régulier, imposant et chaleureux. Un souffle à la fois frais et doucereux.
Saphira avait quitté les cuisines naines, l’estomac à moitié plein, pour rejoindre son Dragonnier, encore posté dans le coin sombre que lui avait imposé Arya. La dragonne s’était posée en face du jeune homme, lui soufflant légèrement sur le visage, le fixant intensément. Elle patientait devant lui calmement, ne le brusquant sous aucun prétexte. Elle éloignait par sa force mentale tout nain qui tentait d’emprunter ce passage, ne voulant pas que l’on voie cette statue qui semblait avoir pris possession de son ami. Le dos contre le mur noir et glacé de cette cavité, Eragon restait stoïque. Il semblait totalement déconnecté du monde réel, ses yeux noisette absorbés par un vide absolu. Son esprit était embrumé par des myriades de questions, toutes très récentes. Le dernier incident avait eu un impact majeur sur son raisonnement, mais Saphira ne semblait pas vouloir s’imposer à lui. Il fallait qu’il affronte seul ce tourbillon d’émotions afin de reprendre conscience. Elle patienta ainsi pendant de longues minutes, durant lesquelles aucun son ne venait troubler l’immobilité des deux compagnons.
Les souvenirs de ses précédentes entrevues avec l’elfe refaisaient surface telle une tempête déchaînée dans l’esprit d’Eragon. Il la revoyait dans ce cachot humide et froid à Gil’ead, l’implorant de lui venir en aide. Puis la façon dont il avait découvert ce corps si parfait, mais honteusement délabré par les blessures infligées par Durza, l’Ombre. Comment il succombait au moindre de ses contours, au charme qu’elle provoquait lorsqu’il se tenait auprès d’elle, sensation sans cesse croissante à mesure que leur relation se développait. Le fairth qu’il avait fabriqué, pour elle, témoin de ses sentiments. La colère d’Arya, se refusant par deux fois à lui, lui assurant que rien d’autre ne lui serait offert qu’une amitié sincère.
Sincère. Ce mot résonnait faux dorénavant dans son esprit. La froideur de celle qu’il convoitait n’égalait que la colère du jeune homme face à son mutisme, qui avait atteint des sommets ces derniers temps. Il ne parvenait plus à la comprendre. Il mourait d’envie de connaître ce secret qui l’éloignait d’elle, mais il était bien trop orgueilleux pour pouvoir ne serait-ce qu’imaginer ne pas avoir le droit de le percer à jour. Puis leur dernière joute s’imposa dans son esprit, série d’images absolument obsédantes. Il avait laissé éclater sa fureur, allant même jusqu’à la repousser définitivement. Faute d’un contact plus profond, et surtout
sincère, couper tout lien avec elle lui semblait être la meilleure solution afin de souffrir le moins possible. Puis cette violence inouïe. Ses mains blanches et douces se faufilant dans ses cheveux et caressant sa joue encore palpitante de colère. Et enfin sa frustration et son ressentiment s’évaporant, laissant place à un rien absolu. La sensation de bien-être lors du contact entre leurs lèvres refit alors surface, plus forte que jamais.
« Arya… » Chuchota-t-il dans un souffle qui semblait redonner vie à son corps. Ses pupilles se dilatèrent, s’adaptant à la faible luminosité ambiante, puis il releva la tête avant de sursauter dans un balai de mouvements incontrôlés. Il ne s’attendait pas à voir l’imposante figure de sa dragonne devant lui, à quelques centimètres de son visage, ses grands yeux bleu azur fixés avec intensité sur les siens.
« Oh, je t’ai fait peur petit homme, excuse-moi, cela n’était pas mon intention »
L’air à la fois calme et réconfortant de sa voix trahissait l’inquiétude qu’elle ressentait. Il savait dès lors ce qu’il désirait vérifier. Il n’avait pas rêvé, Arya l’avait bel et bien embrassé.
« Ce n’est rien ma belle…Ce n’est rien… » Répondit-il, absent.
Un léger sourire s’était formé sur ses lèvres. Machinalement, il les touchait du bout des doigts, sa langue ressentant encore le doux parfum de pin qu’appréciait tant l’elfe.
« Pourquoi ? » Se demanda-t-il tout haut.
« Pardon ? Que veux-tu dire ? » Objecta-t-elle.
« Pourquoi a-t-elle fui ? Pourquoi m’embrasser puis me repousser aussitôt, sans aucune explication ? Je ne comprends pas, Saphira… Je suis perdu… »
« Et je crois que tu n’es pas le seul dans ce cas » commenta-t-elle.
« Comment ça ? »
« Et bien, à ton avis, si elle n’était pas si désorientée, pourquoi aurait-elle réagi de la sorte ? Eragon… »
Elle se rapprocha encore un peu plus du Dragonnier, son aura l’enveloppant entièrement.
« Je crois qu’elle a peur. Très peur ».
« Mais de quoi enfin ? Ne peut-elle pas me dire une fois pour toute ce qu’elle ressent pour moi ? »
« Elle doute, effrayée par ce choix, car après une réponse claire et franche, plus aucun retour en arrière ne sera possible. Tu es un Dragonnier, Eragon, le seul qui soit du côté des peuples libres, et en étant à tes côtés elle pense… »
« …que je vais mal faire mon travail et ainsi anéantir tous les espoirs de ceux qui croient en nous, c’est ça ? » Coupa-t-il, plus incisif que jamais.
« Oui, en effet, ou du moins, je le suppose. Mais à vrai dire, je ne suis pas Arya, et elle seule a pleinement conscience de ses doutes. »
« Alors il faut que je les fasse fuir de son cœur au plus vite ! »
Une détermination sans faille semblait briller au fond de ses yeux noisette. Il fallait qu’il la rejoigne au plus vite afin d’éclaircir toutes ces zones d’ombres qui les avaient séparés jusqu’ici.
« Es-tu sûr de vouloir le faire, Eragon ? »
« … Evidemment, tu sais bien que j’en meurs d’envie Saphira ! »
« Peut-être, mais comme tu l’as dit beaucoup de choses sont en jeu, et pas seulement votre relation à tous les deux. Te sens-tu capable de discerner les priorités qui s’imposeront lorsque la situation l’exigera, une fois que tu seras à ses côtés ? Pourras-tu ne pas tenir compte de tes sentiments envers elle ? Je ne veux pas te faire souffrir petit homme, mais il est important que tu comprennes à quel point nous sommes importants dans la lutte contre Galbatorix, et… »
« Ça suffit Saphira ! »
« Excuse-moi Eragon, mais… »
« J’ai pleinement conscience de tout ce qui repose sur nos épaules, et mes responsabilités de Dragonnier passeront avant toute autre chose. Néanmoins, sans le soutien d’Arya, je pense que je ne serai pas en pleine possession de mes moyens, et l’avoir à mes côtés pourrait remédier à cette lacune. Oui, je l’aime, et ce depuis longtemps. J’ai compris que ce n’était pas un amour de passage. Je sens que c’est bien plus profond que cela. Il faut que je la rejoigne, sinon je ne serai jamais entièrement moi-même, incapable d’accomplir parfaitement ce qui m’incombe. »
« Je vois que tu es sûr de toi alors. C’est bien. Mais rappelle-toi qu’elle doit l’être aussi pour que cela puisse fonctionner, donc tâche de la persuader de t’ouvrir son coeur. J’espère sincèrement que tu parviendras à trouver le bonheur avec elle, tu le mérites Eragon. »
Le jeune homme caressa le visage rugueux de la dragonne après cette vibrante déclaration. La bénédiction qu’elle lui avait apportée lui faisait un bien fou, et apaisait tous ses maux mieux que n’importe quel baume. Après quelques secondes où leurs yeux larmoyants se fixaient avec douceur, il s’aperçut que sa main droite était mouillée. Les deux compagnons sortirent donc du coin sombre dans lequel ils s’étaient réfugiés, et à la lumière des torches du grand tunnel nain il s’aperçut que le liquide était rouge. Du sang. Avec horreur, il lui demanda précipitamment comment cela était arrivé.
« Un petit cadeau que tu m’as fait en me faisant tomber à terre, mon cher ! »
La voix malicieuse de Saphira contrastait avec l’air penaud qu’il empruntait, s’en voulant d’avoir blessé sa moitié.
« Oh, ce n’est rien Eragon. Je me suis juste mordue la langue en me cognant par terre. Mais bon, ça vaut bien la posture ridicule que je t’ai imposée tout à l’heure, position qui a fait rire bon nombre de nains dans les cuisines d’ailleurs ! »
Après un regard faussement mauvais, le jeune homme esquissa un faible sourire et sans un mot il quitta sa moitié à la recherche d’Arya. La connaissant bien maintenant, il se doutait qu’il aurait du mal à la trouver. Elle devait s’être réfugiée là où nul ne pourrait la déranger dans son angoisse. Les moments passés à Ellesméra à la rechercher surgirent de sa mémoire, faisant écho avec la situation actuelle. Néanmoins elle n’était pas dans son milieu naturel, et tout comme avec Angela, il réussirait sans doute à la trouver en réfléchissant un peu. D’après ses souvenirs, Arya s’était enfuie en empruntant le tunnel de droite. Ce dernier menait vers l’aile ouest de la cité. A moins qu’elle eut envie de marcher à en perdre haleine pour oublier ses tourments, il semblait logique d’exclure la partie est de ses premières investigations. Il prit donc la direction choisie et s’engouffra dans le tunnel pour ressortir du côté des jardins nains. Une forte odeur exotique s’en dégageait, apaisant tous les sens de ses visiteurs. En cette heure tardive, quelques nains s’y promenaient encore avec leurs enfants. Arya ne devait donc probablement pas s’y cacher, il en avait le pressentiment.
« Ah, qu’il serait facile de la trouver si elle ne me fermait pas son esprit ! » Pensa-t-il, déjà exaspéré.
Il scrutait le moindre recoin des espaces qu’il visitait, sa vue acérée l’y aidant grandement. Il dépassa ainsi la large fontaine centrale, aux inscriptions argentées très fines et aux rondeurs gracieuses, pour continuer vers les hauteurs de la ville, là où l’air est le plus pur, mais aussi le plus douloureux lorsque le cœur est empli d’amertume et de chagrin. En quelques minutes, Eragon se retrouva sur les terrains d’entraînements de la ville. Ici, il avait rencontré pour la première fois Fredric, le maître d’armes, et peu après il avait subi l’épreuve des Jumeaux. Avec l’aide de sa dragonne, il était parvenu à déjouer tous leurs mauvais tours, mais c’était finalement Arya qui les avait chassés. Oui, c’est dans ce petit couloir, ouvert sur ce ponton assez escarpé qu’il l’avait vue rayonnante de vie pour la première fois, plus belle que jamais. Elle avait effrayé les deux vipères en ordonnant à l’essence d’argent de lui obéir, démontrant sa grande force d’âme. Oui, c’est à cet endroit précis que son cœur avait succombé pour de bon, sans aucune chance de retour.
Son rythme cardiaque s’accélérant un peu plus chaque seconde, Eragon s’élança dans le tunnel proche de celui qu’il venait d’emprunter afin de rejoindre cet emplacement. A chaque pas qu’il faisait, une angoisse lancinante se logeait plus profondément dans son cœur. Comment allait-elle réagir ? Nierait-elle ce qui s’était passé ? Se cacherait-elle à nouveau derrière ses secrets ? Toutes ces questions empoisonnaient son esprit. Comme jamais auparavant, il avait peur. Oui, une peur quasi insurmontable, si importante que son allure ralentissait à mesure qu’il s’approchait du fameux ponton. Déjà son odorat lui indiqua une timide odeur sylvestre qui se baladait dans l’air. Comme le lui avait suggéré son instinct, elle devait être là-bas. Il ne pouvait en être autrement. Encore quelques mètres, et il la vit, Arya, la princesse des elfes, assise sur le ponton, au lieu exact où il l’avait vue pour la première fois. L’une de ses jambes se balançait dans le vide, tandis que ses bras ceinturaient l’autre jambe d’un soutien protecteur, le menton bien appuyé contre son genou. Elle avait détaché ses cheveux noirs, les laissant s’amuser librement avec la petite brise nocturne. Elle scrutait de ses yeux émeraude les constructions de pierre en contrebas. A vrai dire, la vue n’avait rien d’extraordinaire, mais cela importait peu. Ses sens devaient s’être tus face à la tempête qui sévissait dans son esprit.
Eragon s’était arrêté dans le tournant du tunnel, en bas de l’escalier de pierre. Sa main droite, tremblante, s’était posée contre la paroi froide du passage, le calmant légèrement. Les palpitations de son cœur se firent plus douloureuses que jamais à mesure qu’il patientait là, debout, contemplant la jeune femme avec une horrible appréhension logée au creux de son estomac. Ainsi, c’était ici que tout allait se décider. Alignant difficilement une jambe après l’autre, Eragon se rapprocha d’elle à pas de chat, épousant le sol parfaitement, sans aucun bruit. Doucement, très doucement, il s’accroupit puis s’assit à sa droite, à quelques centimètres de ce corps si désiré. Elle semblait absente, et ne l’avait apparemment pas remarqué. Elle n’avait pas bougé d’un pouce. Une détermination très fragile s’éveilla en lui, et il en profita, de peur de la perdre, pour lever fébrilement sa main droite, jusqu’à atteindre celle de l’elfe qui touchait machinalement du bout des doigts ses lèvres en un va-et-vient incessant. Le contact avec la douceur de cette main si parfaite provoqua un léger frémissement le long de son bras jusqu’à la base de sa nuque, et aussitôt Arya eut un mouvement de recul, paniquée. Elle tourna en un éclair sa tête, ses yeux à nouveau animés de vie, rencontrant ceux du Dragonnier. Il devinait dans ses joyaux verts brillants de larmes une peur enfouie depuis longtemps, et qui était parvenue à remonter à la surface. Arya tenta de dégager sa main, mais Eragon la retint, fixant avec toujours plus d’intensité la princesse, pour lui chuchoter :
« Ne fuis pas, Arya… Ne fuis plus ».